La 11e édition de la Palme de l’Initiative Intergénérationnelle se prépare toujours en coulisses. En attendant qu’elle soit prête, nous vous proposons chaque mois un article sur la thématique de l’intergénérationnel. L’objectif : connaître et comprendre les actions menées pour créer du lien entre les générations. Pour commencer, nous vous parlons du principe et des bienfaits de la cohabitation intergénérationnelle, phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années.
Quand on parle de cohabitation intergénérationnelle, on ne se réfère évidemment pas au jeune adulte qui continue de vivre sous le même toit que ses parents avant d’emménager ailleurs. Ce phénomène concerne plutôt des individus qui vont décider de vivre ensemble alors qu’ils ne se connaissent pas. Dans les faits, il s’agit de personnes âgées de plus de 60 ans qui hébergent à leur domicile des jeunes ayant moins de 30 ans. Ils vont leur louer ou sous-louer une partie du logement, le plus souvent une chambre. Mais ce dispositif ne doit pas se résumer à une simple colocation. Il s’agit d’une cohabitation visant à créer du lien social entre des personnes de générations différentes.
La législation de ce dispositif a mis du temps avant d’être actée. Elle l’est depuis le 23 novembre 2018 avec la loi ELAN (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) qui a clarifié plusieurs points :
L’objectif est « le renforcement du lien social »
La solidarité est un aspect nécessaire du dispositif puisque le terme « solidaire » est maintenant accolé à « cohabitation intergénérationnelle »
Intergénérationnel signifie ici jeunes « de moins de 30 ans » (pas de précision si ils peuvent être mineur) et séniors « de plus de 60 ans »
Un contrat relie alors les deux parties, obéissant notamment à la Charte de la cohabitation intergénérationnelle solidaire. Le jeune s’engage à livrer une contrepartie financière, mais aussi à réaliser des services. Ils peuvent prendre diverses formes : temps de présence bienveillante, partage d’activités et moments communs, aller faire les courses, sortir les poubelles, prendre des rendez-vous… Le sénior est lui obligé de fournir un logement en bon état respectant les normes d’hygiène et de sécurité. Il s’engage aussi à ce que la contribution financière du jeune soit « modeste ».
L’émergence progressive de cette pratique au cours des 20 dernières années a été rendue possible par plusieurs phénomènes sociaux et économiques. Il y a d’abord la diminution de la « cohabitation familiale » pour les personnes âgées. Elles vivent de moins en moins avec leurs proches à mesure qu’elles avancent en âge. Selon le baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France » réalisé en septembre 2021 par Les Petits Frères des Pauvres, le nombre de séniors isolés des cercles amicaux et familiaux est passé de 900 000 en 2017 à 2 millions 4 ans plus tard. 530 000 personnes se trouvent quant à elles en situation de mort sociale. Ce sentiment de solitude et d’isolement doit impérativement être réparé, et si possible d’une autre manière que par la possibilité d’aller dans un établissement spécialisé.
La hausse constante du prix des loyers et des charges qui l’accompagne rend de plus en plus difficile la possibilité pour les jeunes d’avoir leurs propres logements. La solution de la cohabitation intergénérationnelle solidaire s’impose alors comme un moyen de résoudre ces problèmes économiques, en plus de vivre une expérience humaine riche.
Elle comporte de nombreux avantages, économiques donc mais surtout humains. Sur ce point, cette expérience représente un formidable espace de rencontres et d’échanges entre des personnes de générations distinctes. Elles vont apprendre à se découvrir et à vivre ensemble, tissant alors des liens forts. Pour les personnes âgées, la présence d’un jeune à leur côté vient rompre avec l’ennui et la solitude. En plus du soutien psychologique, cette présence aura également un impact sécuritaire puisque les séniors pourront alors compter sur une aide en cas de besoin. Enfin, c’est aussi un moyen pour les jeunes de lutter contre la solitude, fléau dont ils ne sont pas épargnés.
Comme dans toute situation de cohabitation, il est primordial que les deux colocataires s’adaptent l’un à l’autre et soient compréhensifs. Le jeune a l’obligation d’aider dans certaines tâches, devant alors aménager son emploi du temps pour cela. Mais son rôle ne doit pas être celui d’un auxiliaire de vie. Les séniors doivent donc garder une certaine autonomie. La pratique est encadrée par une structure tierce, association ou plateforme en ligne, qui a notamment pour mission de trouver la personne compatible avec laquelle cohabiter. Sur Bordeaux, on peut citer les associations Vivre Avec, Ensemble2générations ou encore la start-up Colette. Envie de franchir le pas, vous avez maintenant les clés pour y parvenir !